VOX — Centre de l’image contemporaine

Vue de l’intervention de SYN-, _Espace mobile_, VOX, 2008. Photo : Michel Brunelle.
Crédits

Espace mobile

2008.04.05 - 05.31

MARIE-JOSÉE JEAN ET PATRICE LOUBIER

L’hypermobilité des individus aujourd’hui, le développement urbain de Montréal en archipel spécialisé, le tourisme de masse et, par conséquent, la multiplication d’activités culturelles et festives transformeront les usages du centre-ville et les manières d’y circuler. Espace mobile souhaite observer et interroger les transformations imminentes de ce territoire où VOX s’est implanté en 2004.

Ce secteur mythique, où se côtoient le milieu de la culture et le «Red Light », est caractérisé non seulement par son importance dans l’histoire de Montréal, mais aussi par son métissage à la fois linguistique (le boulevard Saint-Laurent qui le traverse étant la ligne de démarcation traditionnelle entre l’Ouest anglophone et l’Est francophone), ethnique (notamment par la présence des communautés chinoise, italienne, juive, portugaise, etc.) et social (par la diversité des activités qui s’y déroulent : infrastructures culturelles, bureaux gouvernementaux, industrie du sexe et du divertissement, milieu interlope, commerces). Or ce secteur est sur le point de subir une profonde transformation en raison d’actions qui interviendront sur l’espace urbain – aménagement d’espaces publics, revitalisation du centre-ville par l’implantation du Quartier des spectacles, etc. – mais aussi par la présence de plus en plus fréquente de systèmes de surveillance justifiée par le souci de sécurité qui imprègne aujourd’hui les sociétés. Ainsi la requalification culturelle du quartier s’accompagne de moyens de sécurisation croissants en raison des activités interlopes et de la délinquance qui y sévissent toujours. Le secteur apparaît dès lors partagé, voire clivé, entre lieu festif d’effervescence créatrice (servant la promotion du loisir et du tourisme) et espace public en tension, de plus en plus quadrillé et balayé par des dispositifs de surveillance et d’archivage de données.

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Sept artistes ont été invités à réaliser une série de visites de cet environnement urbain pour proposer ensuite au public de multiples parcours en faisant de l’intersection du boulevard Saint-Laurent et de la rue Sainte-Catherine l’épicentre de leurs recherches. Loin de se cantonner dans la seule transcription visuelle de la géographie physique ou urbaine de ce territoire, les parcours guidés ausculteront des strates variées de ce milieu – aussi bien l’espace sonore ou les représentations touristiques que l’embourgeoisement ou les équipements de surveillance, entre autres. Adoptant pour la plupart la modalité du work in progress, les projets se déploieront durant toute la durée de l’événement et prendront la forme de cartes et de propositions de trajets, de documentation photographique, sonore ou vidéo, de notations, voire de véritables circuits commentés. Ainsi la carte se superposera-telle concrètement au territoire, en donnant lieu à des interventions tels des échantillonnages, des rencontres, des investigations et des randonnées. La formule activera aussi un processus de va-et-vient entre la galerie et le milieu urbain, entre la documentation et l’expérience vive de la cité. Espace mobile nomme justement cette nécessité pour les artistes et le public de circuler entre l’espace de l’art et l’espace de la ville.